Том 6. Художественная проза - Александр Сергеевич Пушкин Страница 135

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d'ajuster leurs moustaches avec des ciseaux, ils doivent les laisser croître naturellement: aussi y en a-t-il parmi eux dont on aperçoit à peine la bouche.

Cette secte a aussi ses satrapes, qui sont connus du côté d'Alep sous le nom de fakiran, et que le vulgaire appelle karabasche, parce qu'ils portent sur la tête un bonnet noir avec des bandelettes de même couleur. Leur manteau ou aba, est pareillement noir, mais leurs habits de dessous sont blancs. Ces gens-là sont en très petit nombre; partout où ils vont, on leur baise les mains, et on les reçoit comme des ministres de bénédiction, et des présages de bonne fortune. Quand on les appelle auprès d'un malade, ils lui imposent les mains sur le cou et sur les épaules et sont bien récompensés de leurs peines. S'ils sont mandés pour assurer à un mort le bonheur dans l'autre monde avant de vêtir le cadavre, ils le dressent sur ses pieds, et lui touchent légèrement le cou et les épaules; ensuite ils le frappent de la paume de la main droite, lui adressant en même temps ces mots en langue kourde, ara béhescht, c'est-à-dire vas en paradis. Ils sont chèrement payés pour cette cérémonie, et ne se contentent point d'une modique rétribution.

Les Yézidis croient que les âmes des morts vont dans un lieu de repos, où elles jouissent d'un degré de félicité plus ou moins grand, en proportion de leurs mérites; et qu'elles apparaissent quelquefois en songe à leurs parents et à leurs amis, pour leur donner avis de ce qu'elles désirent. Cette croyance leur est commune avec les Turcs. Ils sont persuadés aussi qu'au jour du jugement universel, ils s'introduiront dans le paradis, les armes à la main.

Les Yézidis sont partagés en plusieurs peuplades ou tribus, indépendantes les unes des autres. Le chef suprême de leur secte n'a d'autorité, pour le temporel, que sur la seule tribu: néanmoins, lorsque plusieurs tribus sont en différent les unes avec les autres, il est de son devoir d'employer sa médiation pour les concilier, et il est rare que les efforts qu'il fait pour cela ne soient pas couronnés d'un heureux succès. Quelques-unes de leurs tribus demeurent dans les domaines du prince Gioulemerk, d'autres dans le territoire du prince de Gézirèh; il y en a qui font leur résidence dans les montagnes dépendantes du gouvernement de Diarbékir, d'autres sont dans le ressort du prince d'Amadia. Du nombre de ces dernières est la plus noble de toutes les tribus, qui est connue sous le nom de scheikhan, et dont le scheikh, qu'ils appellent mir, c'est-à-dire, prince est le chef suprême de la religion, et le gardien du tombeau du scheikh Adi. Les chefs des villages occupés par cette tribu descendent tous d'une même famille, et pourraient se disputer la primatie, s'il survenait entre eux quelque division. Cependant entre toutes leurs peuplades, la plus puissante et la plus redoutable est celle qui habite la montagne de Singiar, entre Moussol et le fleuve Khabour, et qui est divisée entre deux scheikhs, dont l'un commande à la partie du Levant, et autre à celle du Midi. La montagne du Singiar fertile en diverses sortes de fruits, est d'un accès très difficile, et la peuplade qui l'occupe met sur pied plus de six mille fusiliers, sans compter la cavalerie armée de lances. Il ne se passe guère d'année, que quelque grosse caravane ne soit dépouillée par cette tribu. Les Yézidis de cette montagne ont soutenu plusieurs guerres contre les pachas de Moussol et de Bagdad; dans ces occasions, après qu'il y a eu beaucoup de sang répandu de part et d'autre, le tout finit par s'arranger moyennant de l'argent. Ces Yézidis sont redoutés en tout lieu, à cause de leur cruauté: lorsqu'ils exercent leurs brigandages armés, ils ne se bornent pas à dépouiller les personnes qui tombent entre leurs mains, ils les tuent toutes sans exception; si dans le nombre il se trouve de schérifs, descendants de Mahomet, ou des docteurs musulmans, ils les font périr d'une manière plus barbare, et avec plus de plaisir, croyant acquérir par-là un plus grand mérite.

Le Grand-Seigneur tolère les Yézidis dans ses états, parce que, suivant l'opinion des docteurs mahométans, l'on doit considérer comme fidèle et vrai croyant, tout homme qui fait profession des dogmes fondamentaux il n'y a point d'antre Dieu que Dieu, et Mahomet est l'apôtre de Dieu, quoique d'ailleurs il manque à tous les autres préceptes de la loi musulmane.

D'un autre côté les princes kurdes souffrent les Yézidis pour leur intérêt particulier: ils tâchent même d'attirer un plus grand nombre de tribus de cette nation, dans leurs domaines; car les Yézidis étant d'un courage à toute épreuve, bons soldats tant de pied que de cheval, et très-propres à faire un coup de main et à piller de nuit les campagnes et les villages, ces princes s'en servent avec beaucoup d'avantage, soit pour réduire celles des tribus mahométanes de leur ressort qui leur refusent l'obéissance, soit pour combattre les autres princes, quand ils sont en guerre avec eux. D'ailleurs les Mahométans sont dans la ferme persuasion que tout homme qui périt de la main d'un de ces sectaires, meurt martyr; aussi le prince Amadia a-t-il soin de tenir toujours auprès de lui un bourreau de cette nation, pour exécuter les sentences de mort contre les Turcs. Les Yézidis ont la même opinion relativement aux Turcs, et la chose est réciproque: si un Turc tue un Yézidi, il fait une action très agréable à Dieu, et si un Yézidi tue un Turc, il fait une њuvre très-méritoire aux yeux du grand scheikh, c'est-à-dire du Diable. Lorsque le bourreau d'Amadia est demeuré quelques années au service du prince, il quitte son emploi, afin qu'un autre puisse, en lui succédant, acquérir le même mérite; et en quelque lieu que le bourreau, après avoir résigné c'ette charge, se présente chez les Yézidis, on le reçoit avec vénération, et on baise ses mains, sanctifiées par le sang des Turcs. Les Persans au contraire, et

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